Impensable ! La maladie d’Alzheimer, maladie dégénérative du cerveau la plus répandue, avec plus de 800 000 malades en France, pourrait être contagieuse ! C’est ce que suggère une étude anglaise publiée ce 9 septembre par la revue Nature.

Mais le mode de transmission révélé ici est d’un type bien particulier… Il n’a rien à voir avec celui d’un rhume ou d’une grippe ! En effet, les six patients étudiés par Zane Jaunmuktane et ses collègues de l’University College de Londres auraient été contaminés par des injections d’hormone de croissance humaine.

Déjà mise en cause dans le scandale de la maladie de Creuzfeld-Jacob, autre maladie neurodégénérative, la préparation de l’hormone de croissance humaine était obtenue à l’aide de prélèvements dans la glande pituitaire du cerveau de cadavres.

DES INJECTIONS D’HORMONES DE CROISSANCE CONTAMINÉES AVAIENT PROVOQUÉ UN SCANDALE SANITAIRE

Certains des échantillons d’hormone ainsi obtenus contenaient le prion PrP, une forme d’agent infectieux qui déclenchait la maladie de Creuzfeld-Jacob des années après le traitement. Un destin partagé par 220 autres personnes par le monde, dont 119 en France, sur un total de 30 000 personnes ayant reçu l’hormone (destinée à soigner les retards de croissance des enfants) de 1958 à 1985.

C’était d’ailleurs le cas des six patients étudiés ici, tous décédés des suite de Creutzfeld-Jacob. Sauf que les chercheurs ont également découvert que leur cerveau renfermait des amas de peptide bêta-amyloide, responsable de la maladie d’Alzheimer. Bien connu pour s’accumuler petit à petit dans la matière grise, ce peptide provoque la dégénérescence cérébrale à la base de l’Alzheimer. Lentement mais inexorablement, cette accumulation se traduit par une démence progressive, qui se manifeste généralement au troisième âge.

MÊME JEUNES ET NON PRÉDISPOSÉES À LA MALADIE, CES PATIENTS ONT DÉVELOPPÉ DES SIGNES D’ALZHEIMER APRÈS L’INJECTION

Le détail important ici est que ces patients étaient jeunes (36 à 51 ans), trop jeunes pour développer la forme classique de la maladie liée au grand âge. Or, leur cerveau présentait pourtant des dépôts bêta-amyloïde, très étendus même chez quatre d’entre eux. De plus, aucun de ces patients n’était porteur de prédispositions génétiques aux formes précoces de la maladie, ce qui auraient permis d’expliquer la présence des dépôt de peptide.

Les neuroscientifiques anglais suggèrent donc que ces plaques ont été introduites de l’extérieur, et ne se sont pas développées spontanément dans le cerveau. Leur hypothèse, même s’ils n’en fournissent pas la preuve directe, est que les injections de l’hormone de croissance étaient également contaminées par le peptide bêta-amyloïde.

ALZHEIMER CONTAGIEUX : UNE HYPOTHÈSE D’IL Y A SIX ANS

Si leur recherche fait tant de bruit, c’est que l’idée d’une possible contagiosité de la maladie d’Alzheimer ne date pas d’aujourd’hui : en 2009, déjà, Science&Vie rapportait cette hypothèse. Elle avait été avancée par une équipe anglo-suisse, qui avait observé le développement de la maladie dans le cerveau de souris ayant reçu une injection de peptide bêta-amyloïde.

Si la transmissibilité d’Alzheimer est confirmée chez l’homme (des études plus approfondies débuteront sous peu, notamment à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière sur des cerveaux de patients décédés suite à l’hormone de croissance contaminé au prion PrP), le monde médical devra s’y adapter rapidement. Entre autres, il faudra renforcer les mesures de stérilisation des outils chirurgicaux, car éliminer les prions et les peptides, de nature très adhésive, est plus complexe que stériliser contre les bactéries et les virus, comme on se limite à le faire actuellement.

 

Article édité par Fiorenza Gracci

 

Source : http://www.science-et-vie.com/2015/09/la-maladie-dalzheimer-pourrait-etre-transmissible/